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un passage ignoré jusqu’à ce jour. Bientôt il ne put en rester aucun doute. On vit des oiseaux de mer qui avaient le corps aussi gros que des cygnes, et dont chaque aile étendue n’avait pas moins d’une brasse de long. Ils venaient se percher sur le navire, et se laissaient prendre par les matelots ; ce sont des albatros.

Le 26, à la hauteur de 57°, on essuya une grosse tempête du sud, qui dura vingt-quatre heures, pendant lesquelles on mit à la cape, sans cesser de courir au sud. La haute côte se montrait toujours au nord-ouest. On y tourna la proue ; et le 26 à midi on était à 56° 51′. Le froid était extrême. Il tomba des nuées de grêle. Le matin du 29, après avoir couru au sud-ouest, on découvrit deux îles à l’ouest-sud-ouest. On en approcha vers midi. C’étaient des rochers gris et arides à 57° sud. Ils furent nommés îles Barnevelt, du nom du grand pensionnaire de Hollande. On suivit alors l’ouest-nord-ouest, et sur le soir on revit les terres au nord-ouest et au nord-nord-ouest. On n’y apercevait que de hautes montagnes couvertes de neiges, qui se terminent par un cap fort pointu, qu’on nomma le cap de Hoorn, à 58° 48′. De là on tourna les voiles à l’ouest, à la faveur d’un courant fort rapide. Le 30 on suivit la même route avec les mêmes courans. L’eau était bleue et la mer toujours grosse, ce qui redoubla l’espérance de trouver le passage qu’on cherchait. Le reste du jour et le lendemain les vents furent variables. On ne voyait plus de terres, le cap était doublé. Les