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de force que s’il avait espéré de le couler à fond et de passer par-dessus. Mais ce grand choc n’eut pas le succès qu’il s’était promis. Les étraves des deux canots qui soutenaient la machine du bâtiment se brisèrent ; et, dans leur surprise, les sauvages qui les montaient s’élancèrent dans les flots. Alors tous les autres commencèrent à jeter une nuée de pierres qui étaient capables d’effrayer les Hollandais. Schouten se contenta d’ordonner une décharge de la mousqueterie et de trois pierriers chargés de balles et de vieux clous. Quantité d’insulaires tombèrent sans vie. Le reste, transporté de frayeur à la vue d’une si terrible exécution, se hâta de retourner au rivage. Il y avait beaucoup d’apparence que pour cette entreprise le roi avait rassemblé toutes ses forces ; car on compta plus de mille hommes dans sa flotte, entre lesquels on en distingua un qui avait la blancheur d’un Européen.

Schouten ne laissa pas de faire lever l’ancre pour se garantir d’une nouvelle surprise. Tout l’équipage, qui n’avait pas eu le temps de faire assez d’eau, lui demandait la permission de descendre, et d’employer la force. Une juste prudence lui fit réprimer cette ardeur. Cette seconde île fut nommée Verraders eylandt (île des Traîtres).

Le 14 on découvrit une autre île, à cinquante lieues des deux dernières, et le désir qu’on eut d’y faire de l’eau lui fit donner le nom de Goede Hope (l’Espérance) ; mais ne trouvant