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née s’efforcèrent d’y entrer et d’arracher leurs armes aux matelots. Cette violence attira sur eux une décharge de mousqueterie qui en tua six et qui en blessa un plus grand nombre. Dans une extrémité moins pressante, surtout après tant d’exemples de la barbarie des insulaires, on n’aurait pensé qu’à s’éloigner ; mais le capitaine se mit lui-même dans la chaloupe, trouva un fort bon mouillage assez proche, dans une baie voisine peu éloignée d’une rivière. La mer y était fort unie, l’ancre y fut jetée devant l’embouchure de la rivière ; de sorte qu’en descendant au rivage, sur l’un ou l’autre bord, le canon mettait les matelots à couvert de l’insulte des sauvages.

Le même jour, on vit paraître plusieurs canots qui vinrent échanger paisiblement diverses provisions pour des clous, des couteaux et des grains de verre. Ils n’étaient pas moins exercés au vol que les habitans des autres îles, ni moins adroits à plonger. Leurs maisons, qu’on apercevait du vaisseau, étaient couvertes et fermées de feuilles d’arbres, de forme ronde, et terminées presque en pointe. Elles avaient à peu près vingt-cinq pieds de tour, et dix ou douze de hauteur, avec un trou pour porte, par lequel on ne pouvait passer qu’en se baissant jusqu’à terre. On y trouva pour meubles quelques herbes aussi sèches que le foin, qui servent de lit aux babitans, avec un ou deux hameçons et leurs verges, et dans quelques-unes des massues de bois.