Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 22.djvu/72

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

le gros canon et la mousqueterie. Leur grande pirogue fut coulée à fond avec trois ou quatre hommes, et dix ou douze hommes tombèrent sans vie. On mit aussitôt en mer la chaloupe à rames, qui, passant au travers de ceux qui se sauvaient à la nage, en fit encore périr quelques-uns. Elle en prit trois, qui étaient fort blessés, et quatre pirogues, dont elle se saisit, furent mises en pièces pour servir au chauffage. Un des trois prisonniers mourut deux heures après.

La chaloupe retourna au rivage avec les deux autres. Comme on les avait bien traités, et qu’à force de signes on leur avait fait comprendre qu’on ne demandait d’eux que des rafraîchissemens, ils exhortèrent apparemment leurs compagnons à s’approcher avec des fruits ; car un petit canot se hâta de venir présenter deux petits pourceaux et un paquet de bananes. On renvoya un des prisonniers qui était fort blessé, et l’autre fut mis à dix pourceaux de rançon. Celui qu’on venait de renvoyer n’ayant pas la force de quitter le rivage, une troupe armée sortit d’un bois voisin, le vint prendre par-dessous les bras, et l’emmena sous quelques arbres, où, s’asseyant autour de lui, ils parurent tous fort empressés à le secourir.

Ces barbares ont les deux oreilles et les narines percées. Quelques-uns ont un trou de plus au diaphragme du nez, et toutes ces ouvertures servent à soutenir des anneaux. Leur barbe est assez longue, mais sans moustaches.