Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/112

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jets de quincaillerie ; il avait l’air de les regarder avec plaisir ; mais il ne voulut rien accepter que d’autres Indiens ne se fussent approchés, et, après un long discours, n’eussent jeté un rameau de bananier dans le vaisseau : alors il prit nos présens ; d’autres montèrent à bord de différens côtés. Une de nos chèvres en vint heurter un avec ses cornes par derrière ; surpris du coup, l’Indien se retourne et voit la chèvre qui, dressée sur ses pieds, se préparait à l’assaillir de nouveau. L’aspect de cet animal le frappa d’une terreur si grande, qu’il se dépêcha de sortir du vaisseau, et tous les autres se hâtèrent de suivre son exemple. Cependant ils se remirent bientôt de leur frayeur, et revinrent à bord. Quand ils se furent familiarisés avec la vue de nos chèvres et de nos moutons, je leur montrai nos cochons et nos poules ; ils me firent entendre par signes qu’ils avaient chez eux ces deux espèces d’animaux. Je leur distribuai de la quincaillerie et des clous, en leur faisant signe d’aller à terre et d’en rapporter des cochons, des poules et des fruits ; mais ils eurent l’air de ne pas me comprendre. Cependant ils cherchaient à dérober tout ce qui se trouvait à leur portée. Quelquefois notre vigilance fut en défaut ; tandis qu’un de mes officiers parlait à l’un d’eux par signes, il en survint un par-derrière qui lui ôta de dessus la tête son chapeau bordé, et, sautant dans la mer, l’emporta à la nage.

» Comme cet endroit ne nous offrait pas de