Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/151

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de terre pour observer une éclipse de soleil. Le temps étant fort clair, notre observation fut faite avec une grande exactitude.

» Après avoir fini notre observation, j’allai chez la reine, et je lui montrai le télescope, qui était de réflexion. Elle en admira la structure : je m’efforçai de lui en faire comprendre l’usage, et, le fixant sur plusieurs objets éloignés qu’elle connaissait bien, mais qu’elle ne pouvait distinguer à la simple vue, je les lui fis regarder par le télescope : dès qu’elle les vit, elle tressaillit et recula d’étonnement ; et, dirigeant ses yeux vers l’endroit sur lequel l’instrument portait, elle demeura quelque temps immobile et sans parler. Elle retourna au télescope, et, le quittant de nouveau, elle chercha encore inutilement à voir avec les yeux les objets que le télescope lui avait montrés. En les voyant ainsi paraître et disparaître alternativement, son visage et ses gestes exprimaient un mélange d’étonnement et de plaisir que j’entreprendrais vainement de décrire. Je fis emporter le télescope, et je l’invitai, elle et plusieurs chefs qui étaient avec elle, à venir avec moi à bord du vaisseau. J’avais en cela pour objet la sûreté entière du détachement que j’avais envoyé dans le pays ; car je pensais que tant qu’on verrait la reine et les principaux habitans entre mes mains, on se garderait bien de faire aucune violence à nos gens à terre. Quand nous fûmes à bord, je commandai un bon dîner ; mais la reine ne voulut ni boire ni