Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/211

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inclinée le long du mur, qu’elle surpassait en hauteur, et attachée aux roseaux qui le forment. Ces figures, mal faites et sans proportions, avaient environ trois pieds de haut ; mais elles tenaient à un piédestal cylindrique, vidé dans l’intérieur et sculpté à jour. Il était fait en forme de tour, et pouvait avoir six à sept pieds de hauteur sur un pied de diamètre ; le tout était d’un bois noir fort dur.

» Le chef nous proposa ensuite de nous asseoir sur l’herbe au-dehors de sa maison, où il fit apporter des fruits, du poisson grillé et de l’eau ; pendant le repas il envoya chercher quelques pièces d’étoffes et deux grands colliers faits d’osier et recouverts de plumes noires et de dents de requins. Leur forme ne ressemble pas mal à celle de ces fraises immenses qu’on portait du temps de François 1er. Il en passa un au cou du chevalier d’Oraison, l’autre au mien, et distribua les étoffes. Nous étions prêts à retourner à bord, lorsque le chevalier de Suzannet s’aperçut qu’il lui manquait un pistolet qu’on avait adroitement volé dans sa poche. Nous le fîmes entendre au chef, qui sur-le-champ voulut fouiller tous les gens qui nous environnaient ; il en maltraita même quelques-uns. Nous arrêtâmes ses recherches, en tâchant seulement de lui faire comprendre que l’auteur du vol pourrait être la victime de sa friponnerie, et que son larcin lui donnerait la mort.

» Le chef et tout le peuple nous accompa-