Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/225

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

patrie, en mettant un de nos navires à l’abri des accidens.

» Nous travaillâmes tout le jour et une partie de la nuit à finir notre eau, à déblayer l’hôpital et le camp. J’enfouis près du hangar un acte de prise de possession inscrit sur une planche de chêne, avec une bouteille bien fermée et lutée, contenant les noms des officiers des deux navires. J’ai suivi cette méthode pour toutes les terres découvertes dans le même cours de ce voyage. Il était deux heures du matin avant que tout fut à bord ; la nuit fut assez orageuse pour nous causer encore de l’inquiétude, malgré la quantité d’ancres que nous avions à la mer.

» Le 15, à six heures du matin, les vents étant de terre, et le ciel à l’orage, nous levâmes notre ancre, filâmes le câble de celle de l’Étoile, coupâmes un des grelins, et filâmes les deux autres, appareillant sous la misaine et les deux huniers, pour sortir par la passe de l’est. Nous laissâmes les deux chaloupes pour lever les ancres ; et dès que nous fûmes dehors, j’envoyai les deux canots armés pour protéger le travail des chaloupes : nous étions à un quart de lieue au large, et nous commencions à nous féliciter d’être heureusement sortis d’un mouillage qui nous avait causé de si vives inquiétudes, lorsque le vent ayant cessé tout d’un coup, la marée, et une grosse lame de l’est, commencèrent à nous entraîner sur les récifs, sous le vent de la passe. Le pis-aller des naufrages qui nous avaient menacés jusqu’ici avait