Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/230

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leur navigation : quelques coupures donnent de distance en distance l’entrée en dedans du récif, mais il faut se méfier du fond. Le plomb n’amène jamais que du sable gris ; ce sable recouvre de grosses masses d’un corail dur et tranchant, capable de couper un câble dans une nuit, ainsi que nous l’a appris une funeste expérience.

» Au delà de la pointe septentrionale de cette baie, la côte ne forme aucune anse, aucun cap remarquable. La pointe la plus occidentale est terminée par une terre basse dans le nord-ouest de laquelle, environ à une lieue de distance, on voit une île peu élevée qui s’étend deux ou trois lieues sur le nord-ouest.

» La hauteur des montagnes qui occupent tout l’intérieur de Taïti est surprenante, eu égard à l’étendue de l’île : loin d’en rendre l’aspect triste et sauvage, elles servent à l’embellir, en variant à chaque pas les points de vue, et présentant de riches paysages couverts de toutes les productions de la nature, avec ce désordre dont l’art ne sut jamais imiter l’agrément. De là sortent une infinité de petites rivières qui fertilisent le pays, et ne servent pas moins à la commodité des habitans qu’à l’ornement des campagnes. Tout le plat pays, depuis les bords de la mer jusqu’aux montagnes, est consacré aux arbres fruitiers, sous lesquels, comme je l’ai déjà dit, sont bâties les maisons des Taïtiens, dispersées sans aucun ordre, et sans former jamais de village ; on croit être dans les Champs-