Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/246

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» Je terminerai en me justifiant, car on m’oblige à me servir de ce terme, en me justifiant, dis-je, d’avoir profité de la bonne volonté d’Aotourou pour lui faire faire un voyage qu’assurément il ne croyait pas devoir être aussi long ; et en rendant compte des connaissances qu’il m’a données sur son pays pendant le séjour qu’il a fait avec moi.

» Le zèle de cet insulaire pour nous suivre n’a pas été équivoque. Dès les premiers jours de notre arrivée à Taïti il nous l’a manifesté de la manière la plus expressive, et sa nation parut applaudir à son projet. Forcés de parcourir une mer inconnue, et certains de ne devoir désormais qu’à l’humanité des peuples que nous allions découvrir les secours et les rafraîchissemens dont notre vie dépendait, il nous était essentiel d’avoir avec nous un homme d’une des îles les plus considérables de cette mer. Ne devions-nous pas présumer qu’il parlait la même langue que ses voisins, que ses mœurs étaient les mêmes, et que son crédit auprès d’eux serait décisif en notre faveur, quand il détaillerait et notre conduite avec ses compatriotes, et nos procédés à son égard ? D’ailleurs, en supposant que notre patrie voulût profiter de l’union d’un peuple puissant, situé au milieu des plus belles contrées de l’univers, quel gage pour cimenter l’alliance que l’éternelle obligation dont nous allions enchaîner ce peuple en lui renvoyant son concitoyen bien traité par nous, et enrichi de connaissances utiles