on y abuse des usages les plus respectables. Aotourou m’a dit que cet attirail du deuil était favorable aux rendez-vous, sans doute avec les femmes dont les maris sont peu complaisans. Cette claquette, dont le son respecté écarte tout le monde, ce voile qui cache le visage, assurent aux amans le secret et l’impunité.
» Dans les maladies un peu graves, tous les proches parens se rassemblent chez le malade. Ils y mangent et y couchent tant que le danger subsiste ; chacun le soigne et le veille à son tour. Ils ont aussi l’usage de saigner ; mais ce n’est ni au bras, ni au pied. Un taoua, c’est-à-dire, un médecin ou prêtre inférieur, frappe avec un bois tranchant sur le crâne du malade ; il ouvre par ce moyen la veine que nous nommons sagittale ; et lorsqu’il en a coulé suffisamment de sang, il ceint la tête d’un bandeau qui assujettit l’ouverture : le lendemain il lave la plaie avec de l’eau.
» Voilà ce que j’ai appris sur les usages de ce pays intéressant, tant sur les lieux mêmes que par mes conversations avec Aotourou. En arrivant dans cette île, nous remarquâmes que quelques-uns des mots prononcés par les insulaires se trouvaient dans le vocabulaire inséré à la suite du Voyage de Le Maire, sous le titre de Vocabulaire des îles des Cocos. Ces îles, en effet, selon l’estime de Le Maire et de Schouten, ne sauraient être fort éloignées de Taïti ; peut-être font-elles partie de celles que m’a nommées Aotourou. La langue de Taïti est