Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 23.djvu/36

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ressante dans le voyage de lord Anson. Cependant l’objet le plus important était de nous procurer du bétail ; mais le bois était si épais, si embarrassé de broussailles, que nous ne voyions pas à deux toises devant nous, et que, pour ne pas nous perdre dans une forêt presque impraticable, nous étions obligés de nous appeler les uns les autres. L’excès de la chaleur nous avait fait partir en chemise, sans autres vêtemens que nos pantalons et nos souliers, qui furent dans un instant en lambeaux. Nous parvînmes néanmoins, avec des peines infinies, à traverser ces bois ; mais, à notre grande surprise, le pays s’offrit à nos regards sous un aspect bien différent du tableau qu’on nous en avait fait. Les plaines étaient entièrement couvertes de roseaux et de buissons qui s’élevaient, en plusieurs endroits, plus haut que nous, et partout au moins jusqu’à la ceinture. Nos jambes, continuellement embarrassées dans les ronces, étaient toutes déchirées ; des essaims innombrables de mouches nous couvraient de la tête aux pieds ; si nous voulions parler, elles nous remplissaient la bouche, et plusieurs nous entraient jusqu’au gosier. Après avoir marché ainsi l’espace de quatre milles, nous aperçûmes un taureau que nous tirâmes. Un peu avant la nuit nous revînmes au camp, aussi mouillés que si nous nous fussions plongés dans l’eau, et si harassés, que nous pouvions à peine nous soutenir. »

Le lendemain l’on s’occupa de nettoyer un