Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

une hutte et allumer du feu. Comme ils n’avaient qu’à descendre la colline, il leur semblait facile d’accomplir ce projet. La troupe se rassembla au rendez-vous, et quoiqu’on souffrit du froid, tous étaient alertes et bien portans, Buchan lui-même ayant recouvré ses forces au delà de ce qu’on pouvait espérer. Il était près de huit heures du soir, mais il faisait encore assez de jour, et on se mit en marche pour traverser la vallée. Banks prit sur lui de faire l’arrière-garde de sa troupe, pour empêcher qu’il ne restât des traîneurs. On verra bientôt que cette précaution n’était pas inutile. Le docteur Solander, qui avait traversé plus d’une fois les montagnes qui séparent la Suède de la Norwége, savait bien qu’un grand froid, surtout quand il est joint à la fatigue, produit un engourdissement et une disposition au sommeil presque insurmontables. Il conjura ses compagnons de ne point s’arrêter, quelque peine qu’il leur en put coûter, et quelque soulagement qu’ils espérassent dans le repos. « Quiconque s’assied, leur dît-il, s’endort, et qui s’endort ne se réveille plus. » Après cet avis qui les alarma, ils allèrent en avant ; ils étaient toujours sur le rocher, et n’avaient pas encore pu arriver jusqu’au marais, lorsque le froid devint si vif, qu’il produisit les effets qu’on leur avait tant fait redouter. Le docteur Solander fut le premier qui ne put résister à ce besoin de sommeil contre lequel il s’était efforcé de prémunir ses compagnons ; il demanda qu’on