qu’on met devant lui ; il le hume, comme nous sucerions une gelée, si nous n’avions point de cuillère pour la porter à la bouche. Le repas finit alors, et le maître se lave encore les mains et la bouche. On replace ensuite dans le panier ce qu’il a laissé, et on nettoie les écales de cocos.
» Ces peuples prennent une quantité prodigieuse d’alimens dans un seul repas : j’ai vu un homme manger deux ou trois poissons aussi grands qu’une perche : trois fruits à pain, dont chacun était plus gros que les deux poings ; quatorze ou quinze bananes qui avaient six à sept pouces de long, et quatre ou cinq de circonférence, et près d’une quarte de fruit à pain pilé, qui est aussi substantiel que le flan le plus épais. Ce fait est si extraordinaire, qu’à peine voudra-t-on le croire ; et je ne l’aurais pas rapporté, si je n’en avais d’autres garans que moi-même ; mais MM. Banks et Solander et plusieurs de nos officiers en ont été témoins oculaires, et ils savent que j’interpelle leur témoignage dans cette occasion.
» Il est très-surprenant que ce peuple, qui aime passionnément la société, et surtout celle des femmes, s’en interdise les plaisirs dans les repas, quoique ce soit surtout à table que toutes les autres nations policées et sauvages aiment à jouir des agrémens de la société. Nous avons souvent recherché comment les repas, qui, partout ailleurs rassemblent les familles et les amis, les isolent à Taïti, et nous n’avons