Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/18

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ils avaient trop de raisons de craindre d’être forcés de rester dans cette horrible forêt jusqu’au moment où ils y périraient de faim et de froid.

Ils avaient souffert tout ce qu’on peut imaginer de l’horreur d’une pareille situation, lorsqu’à six heures du matin ils conçurent quelques espérances de salut, en distinguant le lieu du lever du soleil au travers des nuages qui commençaient à devenir un peu moins épais et à se dissiper. Leur premier soin fut de voir si les pauvres malheureux qu’ils avaient laissés ensevelis sous des branches d’arbres vivaient encore : trois hommes de la troupe furent dépêchés pour cela, et revinrent bientôt avec la triste nouvelle que ces infortunés étaient morts.

Quoique le ciel se nettoyât toujours davantage, la neige continuait à tomber avec tant d’abondance, que les Anglais n’osaient se hasarder à reprendre leur route vers le vaisseau ; mais sur les huit heures une petite brise s’éleva ; fortifiée de l’action du soleil, elle acheva d’éclairer le temps, et bientôt après ils virent la neige tomber des arbres en gros flocons, signe certain de l’approche d’un dégel. Ils examinèrent alors avec plus d’attention l’état de leurs malades : Briscoe était encore très-mal, mais il dit qu’il se croyait en état de marcher ; Buchan était beaucoup mieux que ni lui ni ses compagnons n’eussent osé l’espérer. Ils étaient cependant pressés par la faim, qui, après un