Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/20

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vu deux Européens périr de froid au milieu de l’été, sans autre habitation qu’une malheureuse hutte formée de quelques bâtons et d’un peu d’herbes sèches, où le vent, la neige et la pluie pénètrent de toutes parts, presque nus, destitués même des commodités que peut fournir l’art le plus grossier, privés de tous moyens de préparer leur nourriture ; ces hommes, dis-je, étaient contens ; ils semblaient ne désirer rien au delà de ce qu’ils possèdent. Rien de ce que nous leur offrions ne leur paraissait agréable, à l’exception des grains de verre, ornement de luxe. Nous n’avons pas pu savoir ce qu’ils souffrent pendant la rigueur de leur hiver ; mais il est certain qu’ils ne sont affectés douloureusement de la privation d’aucune des commodités sans nombre que nous mettons au rang des choses de première nécessité. Comme ils ont peu de désirs, il est probable qu’ils les satisfont tous. Il n’est pas aisé de déterminer ce qu’ils gagnent à être exempts du travail, de l’inquiétude et des soins que nous coûtent nos efforts continuels pour satisfaire cette multitude infinie de désirs divers que l’habitude d’une vie artificielle a fait naître dans nos cœurs ; mais peut-être cela seul compense-t-il tous les avantages de leur situation, et tient égale entre eux et nous la balance du bien et du mal, qui sont l’un et l’autre le partage de l’humanité.

» Nous n’avons vu sur cette terre aucun quadrupède, excepté des phoques communs