Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 24.djvu/64

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tres d’avoir retrouvé notre instrument ; nous ressentions une joie proportionnée au degré d’utilité dont il était pour nous.

» Sur les huit heures M. Banks retourna au fort avec Toubouraï-Tamaïdé ; il fut surpris d’y trouver Toutahah gardé par les soldats, et de voir que plusieurs Taïtiens effrayés et éplorés environnaient la porte du camp. M. Banks y entra en hâte ; et on permit à quelques insulaires de le suivre : la scène était touchante ; Toubouraï-Tamaïdé courut vers Toutahah, et, le serrant dans ses bras, ils fondirent tous deux en larmes et inondèrent leurs visages de pleurs sans pouvoir proférer un seul mot ; les autres Taïtiens pleuraient également sur le sort de leur chef ; ils étaient très-persuadés qu’on allait le faire mourir. J’arrivai au fort un quart d’heure après. Ce qui venait de se passer me causa de l’étonnement et du chagrin ; Toutahah, ayant été détenu contre mes ordres, fut à l’instant mis en liberté ; je m’informai de toute cette affaire, et voici comment on me la raconta. Mon départ pour le bois avec un détachement d’hommes sous les armes, et dans un temps où l’on avait commis un vol dont les naturels croyaient que j’étais sûrement indigné à raison de la peine qu’il nous causait, les avait tellement alarmés, que le soir ils commencèrent à quitter le voisinage du fort et à emporter leurs effets. M. Gore, mon second lieutenant, qui commandait abord du vaisseau, vit une double pirogue sortir du fond de la baie.