posées de manière qu’elles se fermaient d’elles-mêmes : les clôtures étaient couvertes de plantes grimpantes, et surtout d’une liane qui avait des fleurs d’un bleu de ciel. Nous apercevions partout des jardins et des maisons dans des bocages ; nous cueillîmes beaucoup de plantes que nous n’avions jamais vues dans les îles de la Société. Les insulaires semblaient plus actifs et plus industrieux que ceux de Taïti ; au lieu de nous suivre en foule, ils nous laissaient passer seuls, à moins que nous ne les priassions de nous accompagner. Nous pouvions marcher nos poches ouvertes, à moins qu’il n’y eût des clous ; car ils les estiment tant, qu’ils résistaient difficilement à la tentation.
» Nous traversâmes ainsi plus de dix plantations ou jardins séparés par des enclos et communiquant les uns avec les autres par les portes dont je viens de parler. À l’extrémité des jardins nous trouvions communément une maison dont les propriétaires étaient absens. Leur attention à séparer les propriétés suppose un degré de civilisation plus avancé que nous ne l’imaginions. Leurs arts, leurs manufactures et leur musique sont plus perfectionnés que dans les îles de la Société : mais les Taïtiens semblent avoir plus d’étoffes, plus d’opulence, ou plutôt plus de luxe, des maisons plus spacieuses et plus commodes. Si nos nouveaux hôtes ne jouissent pas des dons de la nature avec autant de profusion que les Taïtiens, ils en jouissent peut-être avec plus d’égalité.