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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 25.djvu/21

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avaient besoin de réparation. On se mit à brasser de la bière avec les branches ou feuilles d’un arbre qui ressemble beaucoup à la sapinette[1] noire d’Amérique. Cette ressemblance fit juger qu’en mêlant à la décoction de ses bourgeons du jus de moût de bière et de mélasse, on en composerait une bière très-saine, qui suppléerait aux végétaux qui manquent en cet endroit. L’événement prouva qu’on ne se trompait point.

» Le petit nombre de chèvres et de moutons qui restaient à bord ne pouvaient pas suivant toute apparence, être aussi bien nourris que les hommes, car l’herbe était peu abondante, grossière et âpre. Quelque mauvaise qu’elle fût, on croyait qu’ils la dévoreraient avec avidité ; mais ils ne voulurent pas en goûter ; ils n’aimaient pas mieux les feuilles des plantes plus tendres. En les examinant, on reconnut que leurs dents étaient ébranlées, et que plusieurs avaient tous les symptômes d’un scorbut invétéré. De quatre brebis et deux béliers pris au Cap, dans le dessein de les laisser à la Nouvelle-Zélande, on n’avait pu conserver qu’un mâle et une femelle.

» Si dans la suite les navigateurs veulent porter à la Nouvelle-Zélande des présens si précieux, ils doivent partir du Cap, prendre la route la plus courte, et choisir la saison la plus favorable et la moins froide.

  1. Les Anglais donnent à cette espèce de sapin d’Amérique le nom de spruce (abies nigra).