Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/137

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tant que nous demeurâmes en cet endroit. Nous ne sûmes point s’il y en eut de tués ou de blessés : l’un d’eux seulement poussait un hurlement douloureux qui annonçait une forte blessure.

» La conduite et l’air farouche des habitans de cette terre m’engagèrent à la nommer l’île Sauvage. Sa position est par les 19° 1′ de latitude sud, et par 169° 37′ de longitude ouest. Elle a environ onze lieues de tour : sa forme est circulaire ; ses terres sont élevées d’environ quarante pieds, et la mer, près du rivage, a beaucoup de profondeur. Toute la côte est entièrement couverte d’arbres et d’arbustes, entre lesquels s’élèvent quelques cocotiers ; mais nous n’avons pas été à portée de reconnaître les productions de l’intérieur. Elles ne doivent pas être fort considérables, à en juger par ce que nous vîmes sur les bords ; car nous n’y aperçûmes que des rochers de corail remplis d’arbres et d’arbustes. On n’y voit pas un seul coin de terre, et les arbres pompent dans l’intérieur des rochers l’humidité qui leur est nécessaire. Si ces rochers de corail ont d’abord été formés dans la mer par les animaux, comment ont-ils été portés à une si grande hauteur ? Cette île s’est-elle élevée par un tremblement de terre ? ou bien les eaux l’ont-elles peu à peu laissée à sec ? Des philosophes ont essayé d’expliquer la formation des îles basses qu’on rencontre dans cette mer ; mais ils n’ont rien dit de ces îles hautes que j’ai souvent eu occasion de décrire. Dans celle-ci ce n’est pas seulement les roches