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personnes de mon équipage qui traversèrent l’île, et qui en observèrent beaucoup d’autres, pensaient que cette pierre diffère de toutes celles qu’ils ont vues dans le pays ; elle leur parut factice. Nous avions peine à concevoir comment ces insulaires, qui ne connaissent en aucune manière la puissance de la mécanique, ont pu élever des masses si étonnantes, et ensuite placer au-dessus les grosses pierres cylindriques qui les surmontent. La seule méthode que je conçoive est d’élever peu à peu l’extrémité supérieure, en la soutenant avec des pierres à mesure qu’elle se hausse, et en bâtissant tout autour jusqu’à ce qu’elle soit dressée : ils feraient ainsi une sorte de colline ou d’échafaudage sur lequel ils rouleraient le cylindre pour le placer sur la tête de la statue, et ensuite ôteraient les pierres. Mais si la pierre est artificielle, les statues peuvent avoir été mises en place dans leur position actuelle, et le cylindre posé ensuite, en construisant tout autour un monticule comme je viens de le dire. De quelque manière qu’on les ait élevées, il a fallu un temps immense ; ce qui montre assez l’industrie et la persévérance des insulaires au temps où on les a élevées ; car les habitans actuels n’y ont certainement eu aucune part, puisqu’ils ne réparent pas même les fondemens de celles qui tombent en ruine. Ils leur donnent des noms différens, tels que Gotomoara, Marapaté, Kanaro, Goouay-Tougou, Matta-Matta, etc., etc., qu’ils font