Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/74

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lides que nous convertissions en eau douce, enfin le jour perpétuel du cercle antarctique, leur semblaient surtout si inconcevables, que nous eûmes peine à le leur persuader. Ils crurent plus aisément ce qu’on leur raconta des cannibales de la Nouvelle-Zélande, quoique cet usage les remplit d’horreur.

» Oedidi, pendant une excursion que fit mon père, amena sur la Résolution une troupe de Taïtiens pour leur montrer la tête du Zélandais que M. Pickersgill conservait dans de l’esprit-de-vin. Après qu’on la leur eut fait voir, d’autres accoururent bientôt en foule, afin de jouir d’un si étrange spectacle. Je fus présent toutes les fois qu’on l’exposa devant eux, et, ce qui m’étonna, ils ont dans leur langage le terme de te taë-aiï, mangeurs d’hommes, qu’ils prononcèrent tous dès le premier abord. En proposant des questions sur cette circonstance extraordinaire aux chefs et aux insulaires les plus intelligens, ils me dirent qu’ils savent par tradition que très-anciennement il existait dans leurs îles des mangeurs d’hommes d’une taille très-robuste, qui causèrent de grands ravages dans le pays ; mais que cette race abominable était éteinte depuis long-temps. O-maï, avec qui j’ai causé sur ce sujet en Angleterre, m’a dit depuis la même chose, et en termes encore plus forts. Faut-il en conclure qu’une troupe de cannibales descendirent jadis dans cette île ? ou n’est-il pas évident plutôt que les Taïtiens