Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 26.djvu/96

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» Pendant le séjour que je fis à Taïti l’année précédente, j’avais conçu une opinion assez défavorable des talens d’O-tou. Les progrès que je remarquai dans l’île depuis cette époque me convainquirent de mon erreur : c’est sûrement un homme de mérite. Il est vrai qu’il est entouré de conseillers sensés, qui, je crois, ont une grande part au gouvernement ; au fond je ne sais pas jusqu’où s’étend son pouvoir comme roi, ni quelle autorité il a sur les chefs. Tout paraissait d’ailleurs avoir concouru à l’état florissant de l’île. Sans doute il existe des divisions parmi les grands de cet état, ainsi que dans la plupart des autres pays : autrement, pourquoi le roi nous disait-il que Tahouha l’amiral, et Potatou, deux principaux chefs, n’étaient pas ses amis ? Nous le crûmes jaloux du degré de puissance dont ils jouissaient ; car, dans toutes les occasions, il semblait rechercher leurs bonnes grâces. Nous avons lieu de penser qu’ils venaient de rassembler le plus grand nombre de bâtimens et d’hommes que pouvait fournir l’île pour marcher contre Eiméo, et qu’ils allaient commander tous les deux cette expédition qui, à ce qu’on nous dit, devait commencer cinq jours après notre départ. Ouahitoua, roi de Tierrebou, avait promis d’envoyer une flotte qui se joindrait à celle d’O-tou, afin de l’aider à réduire à l’obéissance le chef d’Eiméo. Il semble me souvenir qu’on nous apprit qu’un jeune prince était un des commandans. On imagine-