Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/11

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communiquer avec la mer et les autres oiseaux choisissent des lieux plus retirés. Nous avons vu tous ces animaux se mêler, et marcher ensemble comme un troupeau domestique, ou comme des volailles dans une basse-cour, sans jamais essayer de se faire du mal. J’ai souvent observé les aigles et les vautours eux-mêmes assis sur les mondrains parmi les nigauds, sans que ceux-ci, jeunes ou vieux, fussent alarmés de ce voisinage. On demandera peut-être comment vivent ces oiseaux de proie ; je crois qu’ils se nourrissent de carcasses de phoques, et des oiseaux qui meurent de différentes manières ; il est probable qu’ils ne manquent pas d’alimens.

» Des vaisseaux qui entreprendraient des expéditions pareilles à la nôtre pourraient se rafraîchir sur ces îles ; quoique la chair des phoques et des manchots ne soit pas très-bonne à manger, elle est infiniment plus salutaire que la viande salée. Si on cherchait avec soin les productions de ces différentes terres, il est vraisemblable qu’on y trouverait une quantité suffisante de céleri et de cochléaria pour en fournir à tout un équipage ; car nous avons remarqué ces deux plantes dans nos excursions. Les matelots mangèrent plusieurs jours des petits nigauds et des manchots ; ils comparaient les premiers à des poulets : ils rôtirent aussi plusieurs jeunes phoques ; mais la chair avait un degré de mollesse qui la rendait dégoûtante : les jeunes ours de mer qui avaient pris toute