fait des vêtemens. Heureuse nation qui se procure avec tant de facilité ce qu’il lui faut pour se nourrir et se couvrir, les deux premiers besoins de l’homme, les seuls pour ces insulaires, qui n’ont encore aucun des besoins factices que le luxe, l’avarice et l’ambition ont introduits parmi les Européens !
» La nature rapproche de bonne heure les deux sexes dans cet agréable climat : très-jeunes encore, les hommes se choisissent une compagne ; il aiment à se voir reproduits dans une postérité nombreuse. Tant d’avantages comparés aux besoins infinis des peuples civilisés, les travaux qu’il nous faut supporter afin de pourvoir à ces besoins, les obstacles et les peines qui précèdent et accompagnent nos mariages suffiraient pour prouver que la population doit être considérable dans ces îles fortunées. Je vais mettre le lecteur en état de faire une estimation rapprochée de la population de cette île et de toutes celles des environs.
» Lors de notre seconde relâche à Taïti, au mois d’avril 1774, les habitans faisaient des préparatifs pour une grande expédition navale contre Moréa, canton de l’île d’Eiméo. Nous aperçûmes une flotte de pirogues de guerre et beaucoup de petits bâtimens ; nous vîmes les naturels préparer d’autres pirogues de guerre en quelques endroits : les rameurs et les guerriers s’exerçaient, et l’armement de deux cantons passait déjà en revue devant la maison du principal chef à O-parri. Le canton d’Ata-