long espace de temps ; et nos connaissances sur les migrations des peuples étant si imparfaites, et toutes nos observations philosophiques sur cette matière très-modernes, nous ne pouvons guère donner que des conjectures.
» Il faut observer pourtant que, lorsque les peuples blancs du nord vont habiter les climats chauds du tropique, ils changent bientôt, ainsi que leurs enfans, et que peu à peu ils se rapprochent, par la couleur et par d’autres rapports, des anciens habitans ; il est cependant toujours aisé de les distinguer de ces peuplades aborigènes. D’un autre côté, il est vrai aussi que, si les nations nées près de la ligne sont transportées près du pôle, elles conservent leur couleur noire sans aucun changement. Mais dans ces comparaisons il faut toujours avoir égard aux mêmes circonstances ; car si deux Européens également blancs vont habiter sous le même climat chaud, et que l’un, bien vêtu, évite autant qu’il lui est possible de s’exposer à l’air ou au soleil, tandis que l’autre est obligé de travailler en plein air, ayant à peine quelques haillons pour se couvrir, bientôt ils différeront beaucoup de couleur. Si cette diversité dans la manière de vivre a lieu pendant plusieurs générations, les descendans de ces deux hommes ne se ressembleront plus guère.
» Dans le nord de l’Europe les Danois sont d’une blancheur remarquable ; ils ont des yeux bleus et des cheveux roux ou blonds : les Bohémiens, les Polonais, les Russes, et en général