île un homme s’appropriait les droits de plusieurs hommes, en prenant pour lui seul les femmes qui doivent servir à plusieurs, on s’en apercevrait bientôt ; on ne tarderait pas à se venger de cette usurpation injurieuse, et chaque individu rentrerait dans les droits dont on voulait le priver.
» Les jeunes femmes de Taïti et des îles voisines prodiguant sans scrupule leurs charmes à plusieurs amans, cette conduite suffirait ailleurs pour les écarter du mariage ; mais ces peuples n’ont pas les mêmes idées. Si elles font un enfant, le jeune homme avec qui elles vivent est censé en être le père, et il jouit dès lors, ainsi que la mère, de tous les priviléges du mariage. Les hommes les plus distingués de la peuplade ne craignent pas d’épouser les filles qui ont eu des amans.
» Pendant notre seconde relâche à Oulietéa, Boba, chef d’O-taha, venait nous voir souvent. Un jour qu’il était sur notre bord, il aperçut ses sœurs qui s’avançaient vers le vaisseau dans une pirogue, et, me montrant la plus jeune, il m’engagea à lui dire veheïné pouva dès qu’elle serait arrivée. J’adressai donc ces mots à la jeune fille, sans savoir quelles en seraient les suites ; la sœur ainée releva à l’instant les vêtemens de sa sœur cadette ; elle me montra qu’elle avait des marques de puberté, et répéta cette cérémonie deux ou trois fois. Je m’informai alors de l’objet de cette action, et j’appris que sur ces îles c’est une espèce de déshonneur de ne pas avoir