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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/217

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fois plus heureux. Les Zélandais de l’île septentrionale qui vinrent à notre bord avaient de meilleures pirogues et des vêtemens plus beaux. Nous ne pûmes pas faire d’observations sur leur condition, parce que nous ne les vîmes qu’en passant ; mais d’après ce qu’on a dit dans la relation du premier voyage de Cook, et d’après ce que m’a confirmé de bouche ce célèbre navigateur, il est sûr qu’ils ont des plantations bien cultivées, très-étendues, régulières, enfermées de haies de ronces très-fortes et très-belles ; qu’un district de quatre-vingts lieues au moins reconnaît un chef suprême ; que des chefs inférieurs y administrent la justice, et que les insulaires semblent vivre avec plus de sûreté et plus d’aisance dans ce canton que dans aucune autre partie de l’île.

» Ce qu’on vient de dire semble prouver que le genre humain est très-multiplié en dedans ou près des tropiques, et très-clair-semé vers les extrémités du globe. Les exemples qu’on a rapportés prouvent aussi que les peuplades qui sont privées de liaisons avec les nations très-civilisées ont les facultés physiques et morales moins avancées à mesure qu’on s’éloigne des régions du tropique, comme on l’a déjà dit plus haut : il est donc probable que les fibres et tout le corps des sauvages des climats froids contractent une dureté ou une rigidité qui cause l’engourdissement, l’indolence et la stupidité ; leurs cœurs deviennent insensibles aux mouvemens de la vertu, de l’honneur, et