Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/242

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

» Le chevalier de Borda, capitaine d’une frégate française qui mouillait dans la rade de Sainte-Croix, faisait de concert avec M. Vania, astronome espagnol, des observations pour déterminer le mouvement journalier de deux garde-temps qu’ils avaient à bord. Ils se livraient à ce travail dans une tente placée sur le môle. M. de Borda eut la bonté de m’associer à ses travaux, et nous pûmes examiner aussi le mouvement journalier de notre montre marine ; mais notre relâche à Ténériffe fut trop courte pour tirer un grand avantage du service amical que ce savant et habile navigateur voulut bien me rendre.

» Tandis que nous approchions de la côte, dit Anderson, le ciel étant parfaitement clair, nous eûmes le loisir d’examiner le célèbre pic de Ténériffe. J’avoue que je fus trompé dans mon attente : quoique sa hauteur perpendiculaire soit peut-être plus grande, il est loin d’égaler l’aspect imposant de Pico, l’une des îles Açores. Cette différence vient peut-être de ce qu’il est environné d’autres montagnes

    voisie, et que nous nommons en Angleterre, par corruption, Malmsey. Ce nom vient de Malvésia, ville de la Morée, célèbre par ses vins doucereux. Dans le dernier siècle, et même plus tard, on en importait beaucoup en Angleterre ; mais on ne fait guère aujourd’hui d’autre vin à Ténériffe que celui dont parle le capitaine Cook. Les vignes du pays ne produisaient pas, au temps de Glas, historien des Canaries, plus de cinquante pipes de Malvoisie annuellement. Cet auteur dit que les habitans cueillent les raisins encore verts, et qu’ils en tirent un vin sec et substantiel propre aux climats chauds.