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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/282

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ment, que, malgré tout ce que nous pûmes faire ou dire pour les rassurer, ils s’enfuirent dans les bois : l’un d’eux fut si épouvanté, qu’il laissa échapper de ses mains une hache et deux couteaux qui nous lui avions donnés. Après nous avoir quittés, ils abordèrent cependant quelques hommes de la Découverte, qui embarquaient de l’eau. L’officier de ce détachement, ne sachant ni quelles étaient leurs dispositions ni ce qu’ils voulaient, tira en l’air un coup de fusil, et ils s’enfuirent avec la plus grande précipitation.

» Ainsi se termina notre première entrevue avec les naturels du pays. Je jugeai que leur frayeur les empêcherait de se tenir assez près de nous pour observer ce qui se passerait, et j’ordonnai de conduire au fond de la baie, à environ un mille dans le bois, un verrat et une truie : on les abandonna sous mes yeux au bord d’un ruisseau d’eau douce. J’avais d’abord résolu de laisser aussi à la terre Van-Diemen un taureau, une génisse, des chèvres et des moutons ; convaincu ensuite que les naturels n’avaient pas assez d’intelligence pour seconder mes desseins d’améliorer l’état de leur pays, et qu’ils détruiraient ces animaux, je renonçai à mon projet. Si jamais ils rencontrent les cochons, je suis persuadé qu’ils les tueront ; mais comme cet animal devient sauvage en peu de temps, qu’il aime les parties les plus épaisses des forêts, il est vraisemblable que la race s’en perpétuera : il aurait fallu choi-