Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 27.djvu/32

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ce qui peut rendre la navigation dangereuse : l’aspect des côtes, plus horribles qu’on ne peut l’imaginer, accroît encore ces difficultés. Ce pays est condamné par la nature à ne jamais sentir la chaleur des rayons du soleil, et à rester enseveli dans des neiges et des glaces éternelles. Les ports, s’il s’en trouve sur ces côtes, sont sûrement remplis de neiges glacées d’une grande profondeur ; mais s’il en était d’assez ouvert pour y admettre un vaisseau, le bâtiment courrait risque d’y rester attaché pour jamais, ou d’en sortir au milieu d’une île de glace. Les îles et les glaçons qui sont sur la côte, les gros morceaux de glace qui tombent, ou bien des tourmentes d’une neige épaisse, accompagnées d’une gelée vive, seraient également funestes.

» Après cette explication, le lecteur ne doit pas s’attendre à me trouver désormais dans une latitude plus avancée au sud : j’avais cependant grande envie d’approcher davantage du pôle ; mais il aurait été imprudent de risquer de faire perdre au public toutes les découvertes de cette expédition, en découvrant et reconnaissant une côte dont les relèvemens ne seraient d’aucune utilité, ni à la navigation, ni à la géographie, ni à aucune autre science. Il nous restait encore à vérifier la découverte qu’on disait avoir été faite par Bouvet : d’ailleurs nous n’étions pas en état d’entreprendre de grandes choses ; et quand le vaisseau aurait été bien équipé et bien pourvu, nous manquions