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avertirent par signes de nous en retourner ; mais voyant que nous ne faisions aucune attention à eux, ils changèrent de ton. Nous trouvâmes six grandes pirogues tirées sur la grève ; la plupart doubles, et beaucoup de naturels, quoiqu’il n’y en eût pas autant qu’on aurait pu l’attendre du nombre des maisons et de la grandeur des pirogues. Laissant les matelots pour garder le canot, je descendis à terre avec le caporal et cinq soldats de marine. J’examinai la plupart des habitations ; je n’y vis rien qui pût me donner du soupçon. Trois ou quatre sentiers bien battus conduisaient par les bois à plusieurs autres maisons ; mais les insulaires continuant à montrer à notre égard des dispositions amicales, je crus inutile de pousser plus loin nos recherches. En retournant à la grève, je vis qu’un Indien avait apporté un paquet d’hepatous (de longues piques) ; mais observant que je le regardais d’un air très-sérieux, il les mit à terre et se promena avec une indifférence apparente. Quelques-uns de ses compatriotes semblèrent effrayés : je donnai un miroir à un, et un grand clou à un second. À l’aide de ma lunette j’examinai tous les environs ; mais je ne vis ni chaloupe, ni pirogue, ni rien qui annonçât des habitans. Je me contentai de tirer des coups de fusil, comme j’avais fait dans toutes les anses que j’avais dépassées dans ma route.

» Je rangeai alors de près la côte orientale, et j’arrivai à un autre village où les Indiens nous invitèrent à descendre à terre : je leur de-