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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/108

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singuliers, tachetés comme du porphyre, et des anguilles de la blancheur du lait, piquetées de noir : nous les payâmes avec de petits clous, qui leur firent un extrême plaisir, et qu’ils appelèrent gouré. Au reste, ils saisissaient avec la plus grande avidité des morceaux de papier et tout ce que nous leur donnâmes : si ce que nous jetions tombait dans la mer, ils sautaient à l’instant au milieu des flots afin de le ramasser.

» Ils ne ressemblent aux insulaires d’Ouaïtiou ni par la figure, ni par le caractère, quoique les deux îles soient peu éloignées l’une de l’autre : leur teint est foncé ; plusieurs avaient une physionomie grossière et farouche, et la peau bise comme les naturels de la Nouvelle-Zélande ; mais celle de quelques-uns était assez blanche. Leurs cheveux noirs et forts flottaient sur leurs épaules, ou étaient noués en touffes au sommet de la tête. Quelques-uns néanmoins les portaient courts, et deux ou trois d’entre eux les avaient bruns ou rougeâtres. Une natte étroite qui faisait plusieurs tours sur la partie inférieure du corps, et qui passait entre les cuisses, composait tout leur vêtement. Nous vîmes un joli chapeau de plumes rouges dans l’une des pirogues. Ils n’avaient d’autre parure qu’une nacre de perle polie suspendue à leur cou. Aucun d’eux n’avait adopté l’ornement bizarre, si commun dans les îles du grand Océan ; je veux dire que leurs corps n’étaient pas tatoués.

» Malgré, cette différence, il nous fut démontré qu’ils descendent de la même race que