Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/228

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

quels il la destinait ; il en indiqua deux si extraordinaires, que je ne dois pas les oublier ici : il nous dit que, lorsqu’il irait faire un voyage sur quelques-unes des autres îles, il laisserait son assiette à Tongatabou, pour le représenter pendant son absence, et que les habitans paieraient à ce meuble le tribut d’hommages qu’ils rendent à sa personne. Je lui demandai ce qu’il avait employé jusqu’alors en pareille occasion, et j’eus la satisfaction d’apprendre que, lorsqu’il s’éloignait de sa résidence, les insulaires avaient fait leur cour à un vase de bois dans lequel il se lavait les mains. Le second usage auquel il voulait employer l’assiette n’était pas moins singulier ; il comptait s’en servir au lieu de son vase de bois pour découvrir les voleurs. Il nous assura que, lorsqu’on dérobait quelque chose, et qu’on ne pouvait découvrir le voleur, tous les naturels s’assemblaient devant lui, au moment où il lavait ses mains dans le vase de bois, qu’on nettoyait ce vase, que les insulaires s’approchaient l’un après l’autre, et le touchaient de la même manière qu’ils touchent ses pieds quand ils viennent lui faire leur cour ; que si le coupable osait le toucher, il mourait sur-le-champ ; qu’il expirait de la main des dieux, sans qu’il fut nécessaire de le tuer, et que, si quelqu’un refusait d’approcher, son refus prouvait clairement qu’il avait commis le vol.

» Après avoir, à cause du temps couvert, assez mal observé l’éclipse, j’envoyai à bord les