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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/27

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d’emmener un autre jeune homme en qualité de domestique ; celui-ci demeura sur notre bord jusqu’au moment où il vit les préparatifs de notre départ : alors ses pareils vinrent le redemander ; mais il fut remplacé le lendemain par Kakoa, petit garçon âgé de neuf ou dix ans. Le père de Kakoa me le présenta : je crois qu’il aurait quitté son chien avec moins d’indifférence. Il s’empara du peu de vêtemens que portait l’enfant, et il le laissa complètement nu. J’avais pris des peines inutiles pour leur faire comprendre que Taoueiharoua et Kakoa ne reviendraient plus à la Nouvelle-Zélande ; ni leurs parens, ni aucun des naturels ne s’inquiétaient de leur sort. D’après cette insouciance, d’après la persuasion où j’étais que les jeunes voyageurs ne perdraient rien en s’établissant aux îles de la Société, je consentis aux arrangemens d’O-maï.

» Mes observations, et les détails que m’ont donnés Taoueiharoua et d’autres prouvent que les habitans de la Nouvelle-Zélande vivent dans des transes continuelles : la plupart des tribus croient avoir essuyé des injustices et des outrages de leurs voisins ; elles épient sans cesse l’occasion de se venger. Ces sauvages aiment beaucoup à manger la chair de leurs ennemis tués dans les batailles ; et le désir de cet abominable repas est peut-être une des principales causes de leur ardeur dans les combats. On m’a dit qu’ils attendent quelquefois bien des années un moment favorable, et qu’un