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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/271

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ment dans toute leur longueur, mais qui n’a rien de douloureux ; au reste, nous n’avons pas rencontré durant notre séjour une seule personne détenue chez elle pour cause de maladie. Au contraire, la force et l’activité de ces insulaires sont à tous égards proportionnées à la vigueur de leurs muscles ; et ils déploient tellement l’une et l’autre dans leurs occupations habituelles et dans leurs amusemens, qu’ils sont, à coup sûr, peu sujets aux maladies nombreuses qui résultent de l’indolence, ou d’une manière de vivre contraire à la nature.

» Leur mine est gracieuse et leur démarche ferme ; avantages qui leur paraissent si naturels et si nécessaires, que rien n’excitait plus leur rire que de nous voir tomber souvent sur les racines des arbres ou les inégalités du terrain.

» Leur physionomie exprime à un point remarquable la douceur et l’extrême bonté de leur caractère ; on n’y aperçoit pas le moindre trait de cette aigreur farouche qu’on remarque sur le visage des peuples qui vivent encore dans un état de barbarie. Leur maintien est si calme, ils ont tant d’empire sur leurs passions, et tant de mesure dans leur conduite, qu’ils semblent assujettis dès l’enfance à la gêne la plus sévère ; mais ils ont d’ailleurs de la franchise et de la gaîté, quoiqu’ils prennent quelquefois sous les yeux de leurs chefs une sorte de gravité et un air sérieux qui leur donnent