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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/284

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le temps est mauvais. Le bas peuple, qui passe une partie de sa vie autour des chefs, n’y va ordinairement que dans le dernier cas.

» Leurs soins et leur dextérité pour ce qui a rapport à l’architecture navale, si je peux employer ce nom, excusent la négligence que je viens de leur reprocher. La relation de mon second voyage donne la description de leurs pirogues, et de leur manière de les construire ou de les manœuvrer ; j’y renvoie les lecteurs.

» Des haches de cette pierre noire et polie, qu’on trouve en abondance à Toufoua, des dents de requin fixées sur de petits manches qui tiennent lieu de tarières, des limes composées de la peau grossière d’une espèce de poisson, attachées à des morceaux de bois aplatis, plus minces d’un côté que de l’autre, et garnies aussi d’un manche, sont les seuls outils dont ils se servent pour construire leurs pirogues. Ces embarcations, qui sont les plus parfaits de leurs ouvrages mécaniques, leur coûtent beaucoup de temps et de travail ; et on ne doit pas s’étonner s’ils en prennent tant de soin. Ils les construisent et ils les gardent sous des hangars ; et lorsqu’ils les laissent sur la côte, ils en couvrent le pont de feuilles de cocotier, afin de les garantir du soleil.

» Si j’en excepte diverses coquilles, qui leur tiennent lieu de couteaux, ils n’emploient jamais d’autres outils. Au reste, ils ne doivent sentir la faiblesse et l’incommodité de leurs instrumens que dans la construction des piro-