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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/293

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putation avec une hache de pierre. Nous en vîmes à peine un sur dix qui ne fût pas mutilé de cette manière : ces petits doigts de moins produisent un effet désagréable, surtout quand ils les coupent de si près, qu’ils enlèvent une partie de l’os de la main ; ce qui arrive quelquefois[1].

» En voyant avec quelle rigueur ils pratiquent quelques-unes de leurs cérémonies funèbres ou religieuses, on est tenté de croire qu’ils cherchent à assurer leur bonheur au delà du tombeau ; mais ils n’ont guère en vue que des choses purement temporelles ; car ils semblent avoir peu d’idée des châtimens d’une autre vie à la suite des fautes commises dans ce monde. Ils pensent néanmoins qu’ils méritent d’être punis sur la terre, et ils n’oublient rien de ce qui peut mériter la bienveillance de leur dieu. Ils donnent le nom de Kallafoutonga à l’auteur suprême de la plupart des choses. Ils disent que c’est une femme, qu’elle réside au ciel, qu’elle dirige le tonnerre, les vents et la pluie, et en général toutes les variations du temps. Ils imaginent que, lorsqu’elle est fâchée contre eux, les récoltes sont mauvaises ; que la foudre détruit beaucoup de choses ; que les hommes sont en proie à la maladie et à la mort, aussi-bien que les cochons et les autres animaux ; et que, si la colère de Kallafoutonga

  1. L’éditeur du Voyage ajoute ici, d’après l’autorité du capitaine King, qu’il est très-commun de voir le bas peuple se couper une des jointures du petit doigt lorsque les chefs dont ils dépendent sont malades.