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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/73

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trois d’entre elles, dont chacune ne portait qu’un seul homme, se rendirent bientôt à la Résolution. Ces embarcations étaient longues et étroites, et garnies d’un balancier. L’arrière avait trois ou quatre pieds d’élévation, et il ressemblait un peu à l’étambord d’un vaisseau ; l’avant était aplati par-dessus, et avait par-dessous la forme d’une proue, et se recourbait à l’extrémité comme le manche d’un violon. Nous jetâmes aux insulaires des couteaux, des grains de verroterie, et d’autres bagatelles ; ils nous donnèrent un petit nombre de cocos que nous leur demandâmes ; mais ils ne les cédèrent point comme un échange de ce qu’ils avaient reçu de nous, car ils ne paraissaient avoir aucune idée de trafic ; et ils ne semblaient pas estimer beaucoup nos présens.

» L’un des naturels, que nous n’eûmes pas besoin de presser long-temps, amarra sa pirogue à mon bâtiment, et monta à bord : les deux autres, encouragés par son exemple, le suivirent bientôt. Leur démarche et leur maintien annonçaient une tranquillité parfaite, et ils ne témoignaient aucune crainte de se voir arrêtés ou maltraités.

» Une nouvelle pirogue, conduite par un homme qui m’apportait des bananes en présent, arriva après leur départ : le messager me demanda par mon nom : il l’avait appris d’O-maï, qui était sur le canot de M. Gore. Sensible à cette politesse, je lui donnai une hache et un morceau d’étoffe rouge, et il regagna la