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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 28.djvu/96

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l’effroi inspiré par cette expérience, les naturels auraient tenu nos messieurs aux arrêts toute la nuit. O-maï les assura que, s’il ne retournait pas le soir à bord avec ses camarades, je tirerais mes canons sur l’île. Nous étions plus près de la terre au coucher du soleil que nous ne l’avions été pendant la journée ; et comme les naturels observèrent beaucoup notre position, ils pensèrent vraisemblablement que je méditais cette attaque formidable, et ils laissèrent partir leurs hôtes. Ils comptaient les revoir à terre le lendemain ; mais j’étais trop frappé du danger que nous avions couru pour y envoyer du monde une seconde fois. »

C’est avec cette simplicité que le capitaine Cook parle toujours de ses opérations. Le débarquement dont on vient de parler fut très-dangereux, et le lecteur pourra juger par ce seul trait de l’intrépidité qui est nécessaire aux navigateurs. Il va citer un autre fait très-important, mais dont il ne relève pas non plus l’importance. En l’examinant bien, il servira à éclaircir une question fort obscure. On pourra juger de quelle manière se sont peuplées les îles du grand Océan ; et il est à propos de faire ici quelques remarques. Les idiomes de cette multitude d’îles qui couvrent cette mer annoncent une origine commune : les vocabulaires très-étendus qu’en ont rapportés les Anglais ne laissent aucun doute sur cette assertion ; il paraît démontré d’ailleurs que ces idiomes viennent de langue malaise, qui s’est plus ou moins