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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/132

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ressentir de vives inquiétudes sur celle de leurs prisonniers. Un grand nombre d’entre eux conduisirent leurs pirogues sur l’arrière de la Découverte, et ils y déplorèrent en longues et bruyantes exclamations la captivité de leurs compatriotes. On entendait de tous côtés le cri de Poëdoua ! nom de la fille du chef ; les femmes du pays semblaient se disputer à l’envi la satisfaction de lui donner des marques d’intérêt, plus expressives encore que les larmes et les cris, en se faisant à la tête des blessures terribles.

» Oréo lui-même eut part à ces lamentations inutiles ; mais il s’occupa tout de suite des moyens de nous rendre les déserteurs. Il expédia une pirogue à Bolabola ; il avertit Opouny, souverain de cette île, de ce qui était arrivé, et le pria d’arrêter les deux fugitifs et de les renvoyer. Le messager, qui n’était rien moins que le père de Poutoué, gendre d’Oréo, vint prendre mes ordres avant de partir. Je lui enjoignis expressément de ne pas revenir sans les déserteurs, et de dire de ma part à Opouny d’envoyer des pirogues à leur suite, s’ils avaient quitté Bolabola ; car je présumais qu’ils ne demeureraient pas long-temps dans le même endroit.

» Les insulaires s’intéressaient si vivement à la liberté du fils, de la fille et du gendre d’Oréo, qu’ils ne voulurent pas la laisser dépendre du retour de nos déserteurs ; ou au moins leur impatience fut si vive, qu’ils méditèrent un complot, dont les suites auraient été plus funestes