Aller au contenu

Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/180

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ploient pour désigner des cannibales, vivaient à Taïti il y a bien long-temps ; on ne savait d’où ils sortaient ni comment ils étaient arrivés dans l’île. Ils habitaient les montagnes, qu’ils avaient coutume de quitter pour venir tuer les gens du pays ; ils mangeaient ensuite les hommes qu’ils massacraient, et ils arrêtaient les progrès de la population. Deux frères résolurent de détruire ces monstres formidables ; ils imaginèrent un stratagème qui leur réussit. Ils habitaient aussi les montagnes un peu au-dessus des théiaï, et ils occupaient un poste d’où ils pouvaient leur parler sans trop exposer leurs jours. Ils les invitèrent à un repas que les théiaï acceptèrent de bon cœur ; ayant fait chauffer des pierres, ils les mirent dans un mahié, et ils dirent à l’un des théiaï d’ouvrir la bouche : ce que fit celui-ci aussitôt ; on y laissa tomber un de ces morceaux de mahié, et on y versa de l’eau, laquelle, en se mêlant avec la pierre chaude, produisit un bouillonnement qui tua le monstre quelque temps après. Les deux frères voulurent engager l’autre à faire la même chose ; mais le second cannibale, frappé du bouillonnement de l’estomac de son camarade, les remercia ; on l’assura que le mahié était excellent, et que ce bouillonnement passerait bien vite ; et il fut si crédule, qu’il ouvrit la bouche et subit le sort du premier. Les naturels alors les coupèrent en morceaux, qu’ils enterrèrent, et ils donnèrent par reconnaissance le gouvernement de l’île aux deux frères. Les théiaï ré-