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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/201

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fense ; ils les jetèrent par-dessus bord quand ils virent qu’elles leur étaient inutiles.

En cherchant un mouillage, les vaisseaux furent quittés par les premières pirogues ; d’autres les remplacèrent, apportant des cochons rôtis et de très-bonnes patates, qui furent échangés pour ce qu’on leur offrit. On passa devant plusieurs villages, les uns situés près de la mer, d’autres plus avant dans le pays. Les habitans venaient en foule sur le rivage, et se plaçaient sur les endroits élevés pour voir les vaisseaux.

Le lendemain matin, après avoir couru plusieurs bordées, on s’approcha de la terre. Plusieurs pirogues remplies d’insulaires vinrent au-devant des navires : enfin quelques-uns prirent courage et montèrent à bord.

« Je n’avais jamais vu dans mes voyages, dit-il, d’hommes aussi étonnés que ceux-ci à l’aspect d’un vaisseau ; leurs yeux allaient continuellement d’un objet à l’autre ; l’admiration était peinte sur leur physionomie et dans leurs gestes : nous jugeâmes que tout ce qui frappait leurs regards était nouveau pour eux ; qu’ils n’avaient reçu jusqu’alors la visite d’aucun Européen, et qu’excepté le fer ils ne connaissaient aucune de nos marchandises. Il était clair néanmoins qu’ils en avaient seulement entendu parler, ou qu’on leur en avait apporté jadis une petite quantité ; mais qu’il s’était écoulé bien du temps depuis cette époque : ils semblaient savoir que c’était une substance beaucoup plus