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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/218

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de lui, s’ils avaient coutume de manger les guerriers qu’ils tuaient dans les batailles, et il répondit aussitôt d’une manière affirmative[1].

» Plusieurs pirogues qui arrivèrent dans la matinée du 23 échangèrent les racines et les autres objets qui formaient leur cargaison. Toujours éloigné de croire que ce peuple était cannibale, malgré les soupçons bien fondés que nous avions conçus la veille, je profitai de l’occasion pour faire de nouvelles recherches sur cette matière. Nous avions acheté un petit instrument de bois, garni de dents de requin ; il ressemblait un peu à la scie ou au couteau dont se servent les naturels de la Nouvelle-Zélande pour disséquer les corps de leurs ennemis, et nous pensâmes qu’il avait peut-être ici le même usage. L’un des insulaires nous apprit tout de suite le nom de l’instrument ; il nous dit qu’il servait à découper le ventre d’un homme ou d’une femme tuée ; sa réponse expliquant et confirmant les idées que nous avait données le naturel qui toucha son ventre le 22, je lui demandai si ses compatriotes mangeaient la partie qu’ils découpaient ainsi, et il déclara que non, d’une manière très-positive : je lui fis une seconde fois la même question ; alors il parut effrayé et gagna sa pirogue à la nage. Au moment où il l’atteignit, il exprima par ses gestes l’usage de l’instrument. Nous demandâmes aussi à un vieillard

  1. On verra plus bas que M. King ne croit pas que les habitans des îles Sandwich soient cannibales actuellement.