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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/321

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» Le capitaine Clerke crut d’abord que des Russes avaient fait naufrage ici, et que ces malheureux, voyant passer nos vaisseaux, avaient imaginé de nous écrire pour nous instruire de leur situation. Brûlant du désir de les soulager, il m’avait averti par un signal de l’attendre, et il venait conférer avec moi sur les moyens d’exécuter l’œuvre de bienfaisance qu’il méditait. Je ne pensai pas comme lui qu’il fût question de naufrage dans la lettre. Il me parut clair que, dans ce cas, les hommes abandonnés sur cette île auraient commencé par envoyer aux vaisseaux quelques-uns de leurs compagnons d’infortune, afin de se procurer plus sûrement des secours auxquels ils devaient mettre un si grand prix. Je jugeai que la lettre avait été écrite par un des négocians russes qui avaient abordé depuis peu sur cette terre, et qu’elle renfermait plutôt des informations pour ceux de ses compatriotes qui y viendraient ensuite ; que les naturels du pays, nous ayant aperçus, et nous supposant des Russes, s’étaient décidés à l’apporter, dans l’espérance que nous nous arrêterions. Intimement convaincu que je ne me trompais pas, je ne m’arrêtai point pour éclaircir ce fait ; mais je fis route à l’ouest le long de la côte couverte de neige : quelques montagnes en particulier, dont les sommets s’élançaient au-dessus des nuages à une hauteur prodigieuse, en étaient revêtus. Nous remarquâmes que celle de ces montagnes qui gît le plus au sud-ouest a un volcan d’où il sortait sans cesse de grosses