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étaient sur le pont ayant appris cette grande nouvelle, les affaires changèrent tout de suite de face. Outi, qui voulait à peine parler à O-maï, le supplia de permettre qu’ils fussent tayos (amis), et qu’ils changeassent de nom. O-maï accepta cet honneur ; et, pour témoigner sa reconnaissance, il fit un présent de plumes rouges à Outi, qui envoya chercher à terre un cochon qu’il destinait à son nouvel ami. Chacun de nous sentit que ce n’était pas O-maï, mais ses richesses, qu’aimaient les insulaires : s’il n’eût point étalé devant eux ses plumes rouges, qui sont les choses les plus estimées dans l’île, je crois qu’ils ne lui auraient pas même donné un coco. C’est ainsi que se passa la première entrevue d’O-maï avec ses compatriotes ; j’avoue que je m’y étais attendu ; mais j’espérais toujours qu’avec les trésors dont la libéralité de ses amis d’Angleterre l’avait chargé, il deviendrait un personnage important ; que les chefs les plus distingués des îles de la Société le respecteraient et lui feraient leur cour. Les choses se seraient certainement passées ainsi, s’il avait mis quelque prudence dans sa conduite ; mais il fut loin de mériter cet éloge : je suis fâché de dire qu’il fit trop peu d’attention aux avis multipliés de ceux qui lui voulaient du bien, et qu’il se laissa duper par tous les fripons du pays.

» Les insulaires avec lesquels nous causâmes durant cette journée nous apprirent que deux vaisseaux avaient relâché, à deux reprises dif-