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Page:La Harpe - Abrégé de l’histoire générale des voyages, tome 29.djvu/90

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toute espèce, des hommes et des femmes qui se fixeraient dans l’île, et qui y passeraient leur vie. O-tou ajouta que, si les Espagnols revenaient en effet, il ne leur permettrait pas de s’établir au fort Malavaï, qui nous appartenait. Il était aisé de voir que ce projet de colonie lui faisait plaisir ; c’est qu’il ne savait pas que son exécution le priverait de son royaume, et détruirait la liberté de son peuple. Il serait très-facile sans doute de former un établissement à Taïti ; mais la reconnaissance que je conserve de tous les services que j’ai reçus de ces insulaires me fait espérer qu’un projet semblable ne s’effectuera pas. Nos relâches passagères ont peut-être amélioré leur sort à quelques égards ; mais une colonie parmi eux, dirigée sur le plan qu’on a malheureusement suivi dans la plupart des établissemens européens, leur donnerait bientôt lieu de regretter de nous avoir connus. Je ne puis croire que les nations de l’Europe songent d’une manière sérieuse à y établir une colonie ; car Taïti n’offre rien de séduisant pour l’ambition des puissances ou la cupidité des particuliers ; et j’oserais prédire que, sans ces motifs, on ne l’entreprendra point.

» J’ai déjà raconté que je reçus la visite de l’un des deux Taïtiens conduits pas les Espagnols à Lima. Je ne le revis plus, et j’en fus étonné ; car je l’avais très-bien accueilli : je crois qu’O-maï, jaloux de trouver dans l’île un voyageur qu’on pût lui comparer, le mal-