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voir un amant sans que le mari puisse le poursuivre en justice.

Les maris ont le droit d’appeler celle de leurs femmes avec laquelle ils veulent passer la nuit. Elle se retire ensuite dans son appartement avec beaucoup de précaution, pour cacher son bonheur, dans la crainte d’exciter quelque jalousie. Quoique l’émulation soit fort vive entre les femmes pour les faveurs conjugales, elles n’en vivent pas moins dans la concorde. Quand la mulière-grande vient à vieillir, le mari en choisit une autre pour occuper sa place ; elle ne demeure pas moins dans la maison ; mais elle est réduite à l’office de servante.

Tous les voyageurs racontent que, vers le terme de la grossesse d’une femme, il se rassemble dans sa chambre une foule de Nègres de l’un et de l’autre sexe, jeunes et vieux, et que, sans aucune honte, elle accouche aux yeux du public. Le travail ne dure pas ordinairement plus d’un quart d’heure, et n’est accompagné d’aucun cri ni d’aucune autre marque de douleur. Aussitôt que la femme est délivrée, on lui présenté un breuvage composé de farine de maïs, d’eau, de vin de palmier et d’eau-de-vie, avec de la malaguette. On prend soin de la couvrir, et dans cet état on la laisse dormir trois ou quatre heures. Elle se lève ensuite, lave son enfant de ses propres mains, et, perdant l’idée de sa situation, elle retourne à ses exercices ordinaires avec ses compagnes.