Le 3 d’avril, après avoir perdu un câble dans les rocs d’Akra, il remit à la voile pour gagner la côte de Juida. Le 5, il passa devant l’embouchure de la grande rivière Volta, qui a tiré ce nom de la rapidité extrême de son cours. Il est si violent qu’en entrant dans la mer, il change la couleur de l’eau jusqu’à plus de huit lieues de la côte. C’est cette rivière qui sépare la côte d’Or de la côte des Esclaves.
Le 7, à la pointe du jour, on jeta l’ancre dans la rade de Juida, et l’on salua le fort, qui est à plus d’une lieue de la côte. Il se trouvait alors dans la rade trois vaisseaux français et deux portugais. La Guinée entière n’a pas de lieu où le débarquement soit si difficile. On y trouve continuellement les vagues si hautes et si impétueuses, que, les chaloupes de l’Europe ne pouvant s’approcher du rivage, on est obligé de jeter l’ancre fort loin, et d’y attendre les pirogues qui viennent prendre les passagers et les marchandises. Ordinairement les rameurs nègres s’en acquittent avec beaucoup d’habileté ; mais quelquefois aussi le passage n’est pas sans danger. À l’arrivée du vaisseau de Smith, les facteurs de sa nation envoyèrent à bord une grande pirogue pour amener au rivage ceux qui devaient y descendre. Le passage fut heureux. Cependant Smith fut étonné de se voir entre des vagues d’une hauteur excessive, et des flots d’écume qui paraissaient capables d’abîmer le plus grand vaisseau. Il admira l’adresse des Nègres à les traverser ;