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toire devint l’occasion d’une fête qui dura huit jours, suivant l’usage du pays, qui accorde à celui qui tue une panthère le droit de prendre, sans payer, tout le vin de palmier qu’on met en vente au marché. Bosman, qui avait tué le monstre, résigna son privilége à ses Nègres.

Le pays d’Axim produit plus de panthères que celui d’Anta. Elles poussent la hardiesse jusqu’à sauter pendant la nuit dans les forts hollandais, quoique les murs n’aient jamais moins de dix pieds de hauteur ; et, s’il se présente quelque proie, leur férocité n’épargne rien. L’auteur observe qu’elles ne sont pas aussi effrayées du feu qu’on se l’imagine. Après en avoir reçu deux ou trois visites, qui lui avaient coûté quelques moutons, il espéra de s’en délivrer en allumant un grand feu près de son parc. Cinq de ses domestiques reçurent ordre de passer la nuit au même lieu sous les armes. Malgré toutes ces précautions, une panthère s’approcha sans être entendue, tua deux moutons entre deux de ses gens qui s’étaient endormis ; et lorsque, se réveillant aux cris des victimes, ils se préparaient à faire usage de leurs armes, elle eut plus de légèreté à s’échapper qu’ils n’eurent de courage à la poursuivre. Cet incident semble confirmer une opinion qui est commune à tous les Nègres : ils assurent que jamais la panthère ne s’attaque aux hommes lorsqu’elle peut se saisir d’une bête. Sans cela, deux domestiques endormis